Le projet Hynovera
Mise à jour au 19 mars 2024
Pour faire suite de la phase de concertation préalable, Hynovera est en cours de reconfiguration.
De nouvelles études ont été engagées, portent des résultats partiels et profilent un projet modifié.
Ainsi, le maître d’ouvrage a décidé de produire uniquement du carburant d’aviation durable pour des acteurs locaux. HY2GEN a désormais acté de les fabriquer à partir de CO2 biogénique et non plus de biomasse forestière.
Aussi, les informations données sur le projet ci-dessous datant de la première version d’Hynovera ne sont plus toutes d’actualité et seront mises à jour dès lors que les études de définition du procédé seront terminées.
Hynovera en bref
Hynovera a pour objectif de produire des carburants renouvelables à partir d’hydrogène renouvelable et de biomasse forestière sur une partie du site de la Centrale Thermique de Provence.
Trois catégories de carburants renouvelables seraient produites par Hynovera : kérosène, diesel et méthanol.
L’estimation de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) de la production de ces carburants à partir de ressources renouvelables, via le procédé utilisé par Hynovera, serait de 93 % par rapport à une production de carburants fossiles.
Ils offriraient ainsi une alternative aux mobilités lourdes, telles que l’aviation et le maritime, pour la décarbonation de leurs activités.
Le bassin de Meyreuil-Gardanne, producteur d’énergie depuis le XIXe siècle, bénéficie des plans nationaux de dynamisation du territoire. Ainsi, à la suite de la décision de fermer les centrales à charbon au 1er janvier 2022 pour limiter les rejets de CO₂, le Pacte pour la transition écologique et industrielle du territoire de Gardanne-Meyreuil a été signé pour la reconversion industrielle du site de la Centrale thermique de Provence.
Pourquoi « Hynovera » ?
Ce nom a été choisi car il évoque à la fois : l’innovation, les carburants de demain et l’hydrogène vert – cœur de métier d’HY2GEN. Quant à HY2GEN (se prononce à l’anglaise « aï-tou-djen »), c’est une déclinaison du mot « hydrogène » et de son symbole chimique H2.
Hynovera consisterait en une mise à l’échelle industrielle du démonstrateur BioTfueL® existant à Dunkerque. Les technologies utilisées sont matures, Hynovera en optimiserait les performances en injectant de l’hydrogène renouvelable afin de maximiser la transformation de la biomasse en carburants.
Chiffres-clés Hynovera
93 % D’ÉMISSIONS DE CO₂ ÉVITÉES
par rapport à une production équivalente de carburants fossiles**Les chiffres mentionnés ci-dessus visent à donner un ordre de grandeur. Ils seront affinés lors de l’étude de faisabilité.
Des carburants renouvelables, pour qui ? Pour quels usages ?
Le secteur aéronautique dispose pour sa décarbonation de très peu d’alternatives au kérosène, en particulier sur les appareils long-courriers.
La feuille de route énergétique de l’État fixe pour objectifs un seuil d’incorporation de 2 % de biocarburants à l’horizon 2025, de 5 % en 2030, et de tendre vers 50 % en 2050 dans le transport aérien.
Le kérosène renouvelable peut être mélangé aux carburants traditionnels (sa densité et sa qualité sont similaires) ou les remplacer purement et simplement sans abîmer les pipelines ni les moteurs. Il est facile à transporter et peut être stocké pendant longtemps.
Le secteur maritime est également demandeur de solutions moins émettrices de gaz à effet de serre. Le projet Hynovera prévoit deux grandes phases de déploiement, en cohérence les évolutions légales et technologiques.
- A partir de 2027, le diesel renouvelable Hynovera pourrait remplacer le carburant issu de fossiles
- A partir de 2030, en fonction de l’évolution de la législation et des modifications techniques apportées aux bateaux, le méthanol Hynovera remplacerait le diesel.
Les deux tiers de l’oxygène issus des procédés de production (électrolyse) seraient mis à disposition des industries locales à un prix très compétitif. Le tiers restant serait utilisé sur site en venant alimenter le procédé de gazéification. Le naphta paraffinique serait intégralement vendu aux mêmes industries.
L’intégralité de l’hydrogène vert produit sur le site serait utilisé pour la fabrication des carburants.
Processus industriel
Pour développer Hynovera, HY2GEN s’appuierait sur le démonstrateur BioTfueL® de Bionext, qui a expérimenté et validé la combinaison de technologies industrielles éprouvées telles que la gazéification de la biomasse et la synthèse catalytique Fischer-Tropsch, largement diffusées individuellement dans l’industrie, pour la production de carburants renouvelables.
La phase d’exploration et de tests a été conduite entre 2010 et 2021. La mise en production est maintenant opérationnelle, les technologies utilisées sont matures. Hynovera apporterait une innovation au procédé développé par Bionext en injectant de l’hydrogène renouvelable produit par électrolyse de l’eau, afin de maximiser la transformation de la biomasse en carburant.
L’utilisation d’hydrogène renouvelable permettrait également de diminuer les émissions de gaz à effet de serre (GES) en n’ayant pas recours à du gaz naturel pour la production de chaleur nécessaire au procédé.
D’une manière simplifiée, la production de carburants Hynovera consisterait en l’assemblage de trois procédés industriels :
- l’électrolyse pour obtenir de l’hydrogène
- la gazéification pour extraire le carbone des plaquettes forestières
- le Fischer-Tropsch pour synthétiser le kérosène et le diesel renouvelables
En fin de processus, une colonne à plateaux permet de séparer les produits (diesel, kérosène et naphta paraffinique). Chacun de ces procédés est expliqué plus précisément ci-après.
La biomasse forestière est amenée dans l’unité de torréfaction pour être asséchée et réduite à l’état de poudre, puis elle entre dans le gazéificateur. Cela permet d’obtenir un gaz de synthèse (syngaz) à base de monoxyde de carbone (CO) et d’hydrogène (H2).
Pour ajuster les ratios entre CO et H2, de l’hydrogène renouvelable, produit par l’électrolyseur, vient alors enrichir le syngaz (l’ajout d’hydrogène dans le procédé permet une utilisation à 100 % du CO et donc l’évitement d’émission de CO2).
Le procédé catalytique Fischer-Tropsch synthétise les molécules des carburants.
Enfin, la colonne à plateaux permet un échange entre les liquides et les gaz afin de séparer les différentes molécules qui seront utilisées pour la production des différents produits : diesel, kérosène et naphta paraffinique.
Les impacts et les risques
La démarche d’évaluation des impacts entre dans le cadre du régime d’autorisation environnementale puisque Hynovera serait une installation classée pour la protection de l’environnement (ICPE).
Une étude d’impact devra être réalisée, conformément à l’article R122-5 du Code de l’environnement. Elle présentera l’état initial de l’environnement, les effets du projet sur l’environnement, et les mesures associées pour éviter, réduire ou compenser ces impacts.
Au moment de la rédaction de ce site et du dossier de concertation, la demande d’autorisation environnementale n’ayant pas encore été déposée, certaines études sont en cours, d’autres sont à venir. Il est donc proposé une présentation des éléments connus (certains aspects de l’état initial, certains impacts).
L’ensemble des enjeux et impacts, ainsi que les mesures d’amélioration à apporter, seront présentés plus précisément dans le dossier d’enquête publique.
Dans le cadre de la concertation publique, HY2GEN pourra répondre aux questions en fonction des données disponibles.
L’article L. 125-2 du Code de l’environnement établit un droit des citoyens à l’information sur les risques majeurs auxquels ils sont soumis et sur les mesures de sauvegarde qui les concernent. En matière de risques industriels, ce droit à l’information est notamment mis en oeuvre par l’enquête publique menée lors de la demande d’autorisation de l’établissement (L. 181-1 à L. 181-31 du Code de l’environnement), dont le dossier comprend notamment un résumé non technique de l’étude d’impact et de l’étude de dangers.
Les éléments connus à ce jour figurent dans le dossier de concertation.
Les objectifs d’Hynovera
La production de carburants renouvelables constitue un levier essentiel pour l’atteinte de la neutralité carbone à l’horizon 2050. Au-delà de cet objectif, le projet Hynovera déclinerait trois objectifs spécifiques :
- Alimenter les entreprises locales de transport aérien et maritime en carburants renouvelables.
- Contribuer à un avenir industriel décarboné pour le site de Gardanne-Meyreuil, en réponse à la fermeture de la centrale à charbon.
- Participer à la filière des carburants « verts » en Région Provence-Alpes-Côte d’Azur (formations métiers, développement des usages)
Le remplacement des carburants fossiles par leurs équivalents renouvelables est une option choisie par les politiques publiques pour relever les défis environnementaux actuels.
Les alternatives au projet
Afin que le public puisse avoir une vue d’ensemble de l’éventail des possibilités, le Code de l’environnement prévoit que soient présentées dans le cadre de la concertation les alternatives au projet et les propositions des autres porteurs de projets.
Produire des carburants renouvelables différemment ou sur un autre site
Produire des carburants différemment
L’une des alternatives au projet Hynovera serait la production de carburants avec d’autres procédés industriels :
- En choisissant un autre procédé de fabrication de l’hydrogène. Il pourrait par exemple être issu du reformage de gaz naturel associé à un dispositif de captage des émissions de CO₂ (demandant la séquestration puis l’enfouissement d’une grande quantité de dioxyde de carbone – le plus souvent dans des failles sous-marines), ou encore être produit à partir d’électricité nucléaire.
- En utilisant des déchets organiques. Ce procédé existe à proximité du territoire (raffinerie de La Mède sur les bords de l’Etang de Berre).
- En reproduisant de manière exacte BioTfueL®, le démonstrateur de Bionext.
→ Ces alternatives n’ont pas été retenues par le porteur de projet car elles ne correspondent ni à son cœur de métier, l’hydrogène vert ni à la volonté du Pacte de territoire d’implanter sur le site des industries non polluantes.
Produire des carburants ailleurs que sur le site ciblé
Une alternative à l’installation sur le site de la Centrale de Provence consisterait à identifier un autre lieu du territoire régional avec du foncier disponible, aussi bien connecté que le territoire de Gardanne-Meyreuil, ayant des caractéristiques similaires (site industriel, aménagements existants qui raccourciraient les délais d’installation…) et situé également à proximité des utilisateurs finaux.
Une autre option pourrait être l’installation à l’étranger, en Espagne par exemple. Les impacts environnementaux seraient conséquents, notamment pour le transport par camions et cargos des carburants Hynovera d’un site de production éloigné vers les utilisateurs finaux en région PACA.
Le territoire perdrait également une possibilité de création d’emplois et de création de valeur concernant ses filières EnR (Énergies Renouvelables).
→ Cette alternative a été écartée car elle serait génératrice de GES et ne permettrait pas de créer des emplois sur le territoire.
Option zéro : si le projet ne se réalisait pas
D’autres industries s’implanteraient sur la zone ciblée. Les enjeux de décarbonation des mobilités lourdes seraient impactés.
Les projets complémentaires ou alternatifs
Les projets complémentaires
Les projets dits « complémentaires » (connus à ce jour et correspondant au Pacte de territoire) sont les autres projets pour la reconversion de la tranche charbon du site de la centrale thermique.
« Projet pour un avenir industriel de la Centrale de Provence à Gardanne », porté par l’Association des Travailleurs de la Centrale de Gardanne et la Confédération Générale du Travail : un projet de production de méthane renouvelable à injecter dans le réseau de gaz dans l’objectif de réduire l’impact environnemental du gaz naturel.
SOFEB : ce projet de scierie, porté par la Société forestière énergie bois (SOFEB) serait implanté sur le site de la centrale et serait susceptible d’utiliser une partie de la chaleur de récupération du projet CANTHEP. Cette scierie permettrait de produire chaque année 25 000 m³ de sciages résineux, des bois fraisés (1 000 m³ produits/an) mais aussi de développer une activité bois-énergie avec la valorisation des connexes et des sciures à destination de la centrale. Ce projet permettra de renforcer la filière bois locale.
Nawa Technologies : Nawa Technologies est une start-up française commercialisant des batteries à recharge rapide et à forte autonomie. Les batteries contiennent des supercondensateurs à nanotubes de carbone permettant de fortes densités d’énergie et de puissance. Cette start-up du territoire cherche à s’étendre sur un foncier plus grand.
Gen-hY – en cours d’évaluation : la start-up Gen-hY a lancé, à Orly, son unité de production de membranes d’électrolyseur, qui permet un rendement plus important dans la production d’hydrogène renouvelable. Associée à Eiffage, la start-up prévoirait d’ouvrir une usine plus vaste, et étudie la possibilité de s’installer sur le site de la Centrale thermique de Provence en lien avec l’agence RISING SUD.
CANTHEP (CANal THErmique de Provence) : ce projet de valorisation de la chaleur de récupération issue des fumées industrielles de la tranche biomasse de la centrale vise à alimenter en chaleur renouvelable le réseau de chaleur d’Aix-en-Provence et des collectivités autour de la centrale, comme Gardanne et Meyreuil.
Les projets alternatifs
Il s’agit d’autres projets de reconversion du territoire.
Le projet « citoyen », porté par un collectif d’habitants propose de réaménager l’intégralité des 80 ha de la centrale de Provence en cinq zones dédiées à différentes activités sur des thématiques variées : tourisme, parc et loisirs, culture, habitat, technologies nouvelles, startups, santé, enseignement et recherche.
Le projet « relance de la Centrale Charbon » porté par l’Association des Travailleurs de la Centrale de Gardanne et la Confédération Générale du Travail. Il s’agirait de redémarrer la tranche Charbon de la Centrale thermique de Provence.